Mon premier vrai souvenir de télévision, c’est-à-dire la première image télévisuelle gravée dans ma mémoire, même avant celle de Bobino, c’est l’image des funérailles du Président John F. Kennedy. Je me rappelle clairement être assis sur le tapis devant la télé dans le salon de notre petit bungalow à Candiac. Je n’avais que cinq ans, mais je comprenais qu’il s’était passé quelque chose d’important. En 1966, mon père accédait au poste de gérant régional des ventes d’une entreprise américaine et nous avons déménagé à Toronto. Je me souviens d’avoir entendu la nouvelle de l’assassinat de Robert Kennedy alors que j’étais assis en classe dans une école catholique francophone. En 1969, moins d’un an après la mort de Kennedy et Martin Luther King, mon père fut promu au poste de gérant général des ventes à la maison mère en Iowa en plein « Mid-West » américain. Nous avons donc connu de près les effets de la guerre au Vietnam et, en contrepoint, l’élan patriotique de la population américaine au moment où Neil Armstrong mit pied sur la lune.
Le rêve américain est un peu notre rêve à nous, mais surtout celui du Canada anglais. La réussite au Canada se mesure à l’américaine. J’ai été élevé dans la culture de l’automobile, à l’ère des grosses voitures américaines, les voitures japonaises étant rares à l’époque; et comme adolescent, on te prenait au sérieux au volant d’une Plymouth Duster, d’une Dodge Charger, d’une Chevy Nova ou comme dans mon cas, d’une Chevelle Malibu SS1967.
J’ai aussi été élevé avec les films de John Wayne et de Steve McQueen. D’une part, le héros à tous services et de l’autre, le rebelle « anti-establishment ». Deux icônes de la culture américaine qui ne pouvaient faire autrement qu’influencer ma vision du monde. Mais, deux guerres en Irak et un séjour en Afghanistan avec les Forces canadiennes lors d’un tournage pour l’Office national du film ont fait de moi un heureux cynique par rapport aux motivations de nos voisins du sud.
L’américanisation de nos institutions politiques, sociales et culturelles depuis quelques années est au cœur de americandream.ca. Les personnages traversent tous des épreuves qui sont le résultat direct ou indirect des politiques canadiennes actuelles. Qu’il s’agisse de compressions à la fonction publique, du déploiement des forces canadiennes pour des raisons plus ou moins définies, ou qu’il s’agisse du système d’éducation ou des services médicaux, la société canadienne a changé. Americandream.ca est l’histoire du Canada racontée du point de vue d’un auteur qui a passé sa vie entre le Québec, le Canada et le rêve américain.
Claude Guilmain
UNE OEUVRE ORIGINALE